Rencontre (PV Etoile du Corbeau et Feuille d'Automne)

Pourquoi ? Cette question le harcelait. Pourquoi ci, pourquoi ça, tout les jours ils se demandait des choses différentes les unes des autres, mais les deux qui revenaient le plus souvent étaient : pourquoi je suis devenu chef ? Pourquoi elle est partie ? Qui décidait du chemin tortueux qu'il devait prendre ? Il ne voulait pas, il voulait juste vivre en paix sans que personne ne vienne lui quémander son aide ou son choix ! Il voulait rester seul, il aurait fait un parfait solitaire. Il aurait été Corbeau, celui dont le nom s'envole dans les airs sans que personne ne le connaisse véritablement. Mais non, il fallait que sa mère soit d'un Clan et qu'il suive une route toute tracée, qu'il ne puisse pas répliquer quoi que ce soit... Il voulait partir. Partir loin de tout. Il ne pouvait pas. Et c'est ça qui le désolait plus que tout...

Cherchant à réaliser une petite partie de son rêve si impossible, Etoile du Corbeau s'était libéré des chaînes de son devoir de chef pour une heure sûrement. S'il quittait le camp trop longtemps, les guerriers se poseraient des questions. Et ce n'est pas ce qu'il souhaitait. Alors il avançait dans les hautes herbes de la Lande, cet immense océan qui rassemblait chasse, guerre, rêves, cauchemars, peurs, joies... Un océan de troubles. Comme une personne. Le Soleil était doux, avant le froid de l'hiver. La mauvaise saison serait peut-être une fois de plus dure. Qu'importe ? Ils la passeraient. Le long félin gris tigré de noir ne savait pas où il allait, il savait juste qu'il y arriverait. Les herbes dansaient au rythme du vent. Elles étaient heureuses. Plus il parcourait de chemin - rapidement, d'ailleurs, il était pressé atterrir quelque part - plus il entendait le chant des chutes d'eaux. Elles émettaient un son violent, qui énervaient Corbeau. Il aurait détourné le pas, mais une odeur différente de la sienne se fit sentir dans les airs. Le Clan de la Rivière ! Qui était là ? Chassait-on sur son territoire ? Il se mit ventre à terre, et, caché par un amas d'herbes hautes au milieu de brins moyens, il se rapprocha de ce qui lui semblait être l'endroit où était ce chat inconnu. Ses yeux verts découvrirent une guerrière - sûrement - allongée sur un rocher. Les chats du Clan de la Rivière adorent doré au soleil, à ce que Corbeau avait entendu. Un coup de vent fit bouger un buisson d'ajoncs. Il ne parut pas aussi gros qu'il l'était pour le chef du Vent, qui y était largement habitué. Il ne pourrait jamais vivre sans une douce brise qui lui souffle quelques mots à l'oreille. Le vent, pour lui, c'était un chant, une musique, tout ce qu'il pouvait ressentir. Un orage pour sa tristesse et sa colère, un vent simple pour son blasement d'être normal, un blizzard pour sa souffrance et sa peine, des bourrasques pour quelques pensées qui sous-entendait quelque chose et qui avaient totalement faux. Il jouait avec ce que voulait dire les vents.
Quittant son imagination, il remarqua qu'elle était étonnée, surprise de ce coup de vent. Pourquoi ? Cette question revenait sans cesse. Il secoua la tête, comme pour la faire fuir, mais elle resta là, dans un coin, et reviendrait bien à un moment ou un autre. Les questions reviennent toujours. C'est à ce moment là qu'il se demanda s'il fallait qu'il l'attaque ou lui parle. Pour faire passer ses nerfs, il l'aurait bien combattu, mais cela serait insensé. Qui mérite ça ? Et quel chef ferait ça ? Après tout, il était venu pour être tranquille, il fallait qu'il adapte ce qu'il voulait faire à l'imprévu. Aussi décida-t-il de lui parler d'abord.

Il sortit de sa cachette pour s'afficher à cette guerrière Il s'arrêta en face d'elle et s'assit. Puis, d'une voix neutre, le regard voulant dire "Pars. Tu n'es pas à ta place ici.", il déclara :

« Bonjour, chère inconnue. Qui es-tu ? »

Une entrée plus théâtrale ou normale pour un chef à une chasseuse n'étant pas sous ses ordres mais sur ses terres aurait sûrement fait plus acceptable. Il n'était pas ce genre de personne, il ne se cassait pas la tête à chercher des mots compliqués... Il n'en avait pas l'envie.