♪ Un p'tit Jais, deux p'tit Jais, trois p'tit Jais... ♪ *okay je sors*

J’ouvris les yeux, encore un peu sonné. Qu’est-ce qu’il s’était passé ? Ah oui, je chassais en pleine forêt quand je suis tombé sur Ariale, une jeune fille du village voisin que je n’appréciais pas du tout. On avait commencé à se prendre le chou quand des voleurs/bandits avaient débarqués. Je m’étais fait assommer. Et à mon réveil, je me retrouve… Dans une grotte, les poignets et les chevilles fermement attachés par des chaines. D’ailleurs, j’étais affalé au sol, sur le dos. Je me relevai sur les coudes et regarda autour de moi. Devant moi se trouvait Ariale, les mains accrochées aux barreaux de notre prison. Donc on nous avait emprisonnés. La jeune femme semblait, même de dos, sur les nerfs et prête à éviscérer toute personne osant l’importuner. Ses longs cheveux immaculés étaient en bataille, l’élastique qui d’habitude les maintenaient attachés avait disparu je ne sais où. Je le repérai un peu plus tard sur son poignet. Elle se retourna, ses yeux rouges brillant de fureur. Elle lâchait des masses de jurons en langue elfique, seul signe qui laissait présager ses origines. Son regard furibond rencontra mes yeux bleus glace, cachés par des mèches rousses.

-Tu es réveillé, dit-elle avec une froideur qui était telle que votre cœur aurait pu geler. Ces enflures nous ont emprisonnés là et plus aucun signe de vie.

Je la regardai, étonné. Elle venait d’une longue lignée d’elfes qui étaient immensément doués en magie, combat au corps à corps et à distance. Et Ariale n’échappait pas à la règle. D’un naturel bourrin, elle n’hésitait pas à détruire ce qui la gênait ou ce qui ne lui plaisait pas.

-Mais tu ne t’es pas battue contre eux ? Avec ton immense épée, ce devait être facile de les faire déguerpir.

Elle me jeta un regard si colérique que j’aurais voulu être cent mètres sous terre. Qu’est-ce que j’avais encore dit, et qu’est-ce qui ne lui avait pas plu ? Elle m’enleva du bout du pied les chaines qui retenaient mes pieds dans un geste expert. Assurément, elle ne me répondrait pas tout de suite… Je me relevai et aussitôt elle me trancha les chaines restantes avec son poignard. Je ne cherchai pas d’explication possible au fait qu’un simple poignard pouvait trancher des chaines d’acier solides.

-Tu te demande pourquoi je ne me suis pas défendu…

Je présageai le pire concernant sa réponse. J’avais encore du faire une bourde. Avant que je ne puisse correctement m’étirer comme je le souhaitais, je dus éviter un poignard filant dans ma direction. Poignard qui alla se ficher dans la roche derrière moi.

-Je n’ai pas pu me défendre parce que tu as volé mon épée hier, en ville, je te rappelle !

Son ton était empli de haine, tout comme ses paroles, tant et si bien que je reculai, un sourire peu rassuré sur mon visage. Elle serra les dents, avant de recommencer à déverser sa haine sur moi :

-De toute façon, tu ne connais rien à ce monde ! Tu viens de je ne sais où, je me demande même pourquoi les Anciens ne t’ont pas tués avant !

Je baissai la tête. Que dire ? Sa haine était maintenant entièrement justifiée. Effectivement, je venais d’un autre monde. D’une planète que l’on appelle Terre, en l’an 2012. Un monde complètement différent d’ici. Quand j’ai atterri devant la porte principale de l’unique capitale de ce monde, j’étais à moitié mort. Mais je coupai court à ses sombres pensées quand je vis Ariale qui menaçait d’invoquer sa magie pour faire un quelconque tour. J’intervins en lui prenant l’épaule avec ma main :

-Mais qu’est-ce que tu fabrique ?

Elle dégagea son épaule et continua à incanter. Quand je remarquai qu’elle plaçait ses mains sur le mur, je me mis devant elle en espoir de l’arrêter.

-Hé ! Mais tu es folle ou quoi ! Qu'est-ce que tu fabriques à la fin !

Elle s’arrêta, encore plus furieuse, et articula, les yeux assombris :

-Ce que je fabrique… J’ESSAYE DE NOUS SORTIR DE LA !!

Je vis rouge à mon tour. Elle m’agaçait, mais en même temps, je la comprenais. Elle était frustrée de s’être fait battre aussi facilement… Surtout que c’était de ma faute.

-Tu vas nous sortir de là… En nous tuant ? Belle initiative…

Elle détourna le regard. Nous restâmes comme des imbéciles assis l’un en face de l’autre, à l’autre bout de la grotte. Que faire ? Au fond de moi, je mourrais de peur, mais cela ne m’empêchai pas de m’endormir profondément…

Élisa n'arrivait pas à dormir. Pourtant, ce n'était ni un problème de lumière, car il faisait nuit noire. Ce n'était pas un problème d'heure non plus. La petite fille leva ses grands yeux apeurés vers le réveil et y lut 2h48. Elle fut prise de panique en entendant un craquement sonore et s'enfouit la tête sous l'oreiller, cet oreiller étant lui-même surmonté de la couette. Elle se mit à trembler. Qu'est-ce que c'était ? C'était sa seule pensée. Une fois que le calme se remit à régner sur la maison, ses yeux violets pâles s'ouvrirent bien grand et elle repoussa les draps en hâte, puis jeta un regard furtif tout autour d'elle. Personne. Pas de voleur. Pas de monstre pour la tuer. Elle se leva, ses jambes frêles tremblantes encore sous l'effet de la peur. L'un de ses yeux brillait dans le noir, formant une pâle fumée qui disparaissait progressivement dans l'air, lui donnant un air de fantôme. Ses cheveux courts et blancs voletaient derrière elle. Elle ouvrit lentement la porte, risqua un regard: rien. Pas un bruit. Elle s'engouffra dans le couloir, silencieuse comme un mur, puis se planta devant une porte. Elle hésita à entrer, mais un bruit qu'elle jugea suspect retentit (nda: Ce n'était que le cliquetis du chauffage.. ) et elle bondit de frayeur dans la chambre.
Une fois à l'intérieur, elle parut soulagée. Elle s'approcha plus ou moins lentement du lit, qui lui parut être à des kilomètres. Elle regarda l'enfant endormi devant elle. Cheveux noirs aux reflets rouges, une maigreur alarmante. Elle posa sa main sur l'épaule du garçon, qui était son grand frère, et commença à le secouer.

- Eben !

Il se retourna dos à elle, repoussant la petite main de sa sœur :

- Hum... Laisse moi dormir...

Elle continua à le secouer, les larmes aux yeux. Il n'allait pas l'abandonner ! Pas aujourd'hui !

- Eben ! Au secours !!

Le garçon ouvrit rapidement ses yeux vert pomme par réflexe, et eut un sourire quand il remarqua qui l'appelait depuis tout à l'heure.

-Oh, Elisa. Tu m'as fait peur ! Qui y a t-il ?

La petite enfoui sa tête dans la couverture, à genoux, et murmura:

-Tu entends ces drôles de bruits?

Au début, Eben lui posa la main sur la tête, pensant qu'elle avait du rêver, quand il entendit un bruit, comme un carton qui s'écroulait et se releva d'un bond, serrant sa petite sœur contre lui. Il prit un air déterminé, du genre « quand faut y aller, faut y aller, et là, justement, faut y aller ! » et, toujours en serrant la gamine contre lui, ouvrit la porte sans pour autant avoir aussi peur que sa petite sœur, jeta un coup d’œil jusqu'où l'obscurité pouvait lui permettre, et commença à marcher le long du couloir, jusqu'en provenance du bruit. La cuisine. Drôle d'endroit... Eben serra encore plus fort Élisa et se plaqua au mur, avant de pointer la tête dans l'embrasure de la porte, ouverte. Ce qu'il vit lui flanqua la pire frousse de sa vie. Un cambrioleur. Un cambrioleur dans LEUR cuisine ! Élisa et Eben crurent s'évanouirent de peur. Horrifiés, ils regardèrent le voleur, un homme de grande taille, se diriger vers un coin de la cuisine. Il s'approcha de la poubelle. Jetant un ultime regard autour de lui, il s'en empara. Les deux garnements eurent l'impression que l'homme était bien moins dangereux tout d'un coup, et réprimèrent un petit rire, bien qu'ils avaient toujours peur. Le voleur grimpa à la fenêtre et sortit. Après avoir attendu quelques minutes qu'il se soit éloigné, les deux enfants soupirent longuement. Encore un fou... Sans se poser plus de questions, il fermèrent la fenêtre et retournèrent se reposer, l'esprit tranquille. Ce qu'ils ignoraient, comme tout le monde sur la planète, c'est que quelques mètres plus loin, l'homme déchiquetait la poubelle avec des crocs qui n'avaient rien d'humains. L'invasion avait commencé. Et elle était guidée par une seule personne, là, bien tapie dans l'ombre...